lundi 21 septembre 2009

Shanghaï ou les vacances de la construction!

Imaginez le bardas causé par la construction d’un immeuble : bruits agressants de perceuse, poussière qui fait tousser, débris de matériaux sur le trottoir, grues, échafaudages, clôtures de tôle… Bon. Maintenant imaginez l’autoroute 20 en réparation : circulation lourde, voies encombrées, futurs viaducs empilés sur l’accotement… D’accord. Et là, imaginez un endroit où tous les édifices sont en rénovation, où toutes les rues sont en chantier. Vous êtes maintenant à Shanghaï!!! Dire que la ville en entier est en construction serait un euphémisme! Je vous jure, on a vraiment vu où allait tout ce béton chinois dont parlent les statistiques! C’est incroyable, il y a de la construction partout!!!!

Shanghaï fait peau neuve pour accueillir l’exposition universelle en 2010. Entretemps, l’accès à plusieurs sites est bloqué et la ville est un bordel. S’y promener relève plus de l’exploit de randonnée que de la ballade agréable et reposante qu’on espérait. On est arrivés trop tôt ou trop tard, selon le point de vue.

Bon, bon, assez pour le portrait global, si on zoome un peu sur les vacances on s’aperçoit qu’on a tout de même fait plusieurs visites agréables. La rue piétonnière de Nanjing, la verte place du Peuple, l’authentiquement commerciale vieille ville, le quartier branché de Xintiandi, dans l’ancienne concession française…

Comme se plaisent à dire les pamphlets touristiques, la ville se veut futuriste, moderne, cosmopolite, internationale… Mais concrètement, ça reste un endroit très chinois où les vieux ont les pantalons remontés jusqu’aux aisselles, où les grands-parents s’occupent des bibis plus que les éducatrices de CPE, où des madames en pyjamas vendent des petits pains farcis de j’sais pas quoi, où ça rote, ça crache et ça se garroche pour avoir une place avant toi. Bref, c’est la Chine! Rien de comparable à Hong Kong qui, elle, intègre cultures et influences métissées. En fait, à Shanghaï, le monde chinois et l’idéal prospère international se côtoient sans se rencontrer. Le meilleur exemple est cette ruelle étroite qui croisait la rue Nanjing : des maisons insalubres sans électricité ni eau courante, des monsieurs qui jouent aux cartes sur le trottoir l’après-midi, pendant que la grand-maman vide le pot de chambre dans le caniveau et que le bébé aux culottes fendues pisse au coin de la maison… Un retour quelques siècles en arrière, juste au coin de l’artère commerciale la plus chic de la ville! Certes, ils font partie du paysage, ces gratte-ciel à bouboules ou en forme de décapsuleur de 80 étages, mais on dirait un décor imposé, rajouté, comme un mauvais montage photoshop où on verrait les découpures autour des chapeaux pointus des habitants. Entre ce qu’on veut laisser paraître de Shanghaï et ce que c’est réellement, le décallage est énorme. Et c’est ça qui fait le véritable intérêt de la ville!

Alors on a fui à 200km/h, dans un train express vers Suzhou. Train express mais tout de même chinois. L’art de faire la file, connaît pas! Service à la clientèle non plus! 3 Blancs, une poussette, un rack à bébé, un parc de voyage, un gros sac à dos, une énorme valise et une mandoline, ça fait ben du stock pour un p’tit wagon sans espace pour les bagages. Mais bon, apparemment ça n’impressionne pas les Chinois, qui te regardent les deux yeux dans la graisse de bine pendant que tu t’échines à faire passer ta valise à côté de leur sac qui prend toute la place ou qui essaient tout de même de te dépasser quand tu plies la poussette dans le corridor et tiens Camil en même temps. « Ouam dam dam da, dada dou, c’est le temps des vacaaaaan-ceees! » Ouin bin selon moi, les vacances manquaient un peu d’escaliers roulants dans les gares.

Mais bon, l’important c’est que Suzhou est une ville magnifique! De « petite » taille (seulement 2 millions d’habitants, c’est presque du niveau d’Hébertville-Station ou St-Ambroise-de-Kildare!), le rythme était beaucoup plus relaxant et la construction moins envahissante. Des canaux parcourent la vieille ville, des arbres bordent les rues, c’était plaisant de s’y promener et ça nous fait presque oublier l’omniprésence des klaxons! Suzhou est aussi la ville des plus beaux jardins de Chine, dont 8 sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco! Orgie de pavillions aux toitures pointues, de sentiers de pierre, de bonzaïs, de jardins rocheux, de maisons de thé, d’étangs pleins de carpes, de tranquillité et de… groupes de touristes chinois qui attendent leur tour pour être pris en photo avec Camil! Définitivement, je pense que nous sommes des visiteurs « nature » plutôt que « grosse ville »!

Toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus trou, la dernière journée nous sommes allés à Tongli, petit village typique où les voitures n’ont pas accès. L’aventure commence quand on essaie de trouver le bon autobus. Camil et Toutou Bleu dans le dos, on marche le long de la route et on se fait conseiller par le Guide du Routard, le Lonely Planet, le chauffeur de boîte de tôle roulante, le chauffeur non-officiel de taxi, la vendeuse de cartes touristiques, qui ont tous des points de vue différents sur l’emplacement du fameux terminus d’autobus. Mais y sont-tu fatigants, ces vendeurs!!! Non, je veux pas prendre un cyclo-pousse, non, je veux pas de cheap watch, non, je veux pas just have a look!!!! Je veux juste savoir c’est quel autobus pour Tongli!!! Leçon numéro un : ne jamais demander son chemin à un chauffeur ou un vendeur de carte routière… ils sont un peu trop subjectifs dans leurs réponses! La bonne nouvelle, c’est qu’on est tombés sur un couple de locaux super gentils qui parlaient anglais et nous ont aidé à acheter des billets. Fiou! D’ailleurs, une surprise agréable de notre voyage a été les gens. Oui oui, les Chinois! Enfin, la masse chinoise est insupportable : c’est la jungle, ça crache, ça s’en fout de toi, ça rentre dans le métro avant que tu n’aies pu en sortir, ça on le sait. Bon. Il y a aussi l’employé chinois, détestable, face de bœuf, pas d’adonc, qui ne t’aidera surtout pas (même si on le paye pour ça!) et qui ne se gêne pas pour te faire sentir que tu le déranges dans son limage d’ongles ou son envoi de message-texte. Généralement, ça c’est l’équipe des « cannot ». Mais cette fois-ci on a découvert le troisième type, le Chinois gentil et curieux, ravi de te rencontrer, qui veut savoir qui tu es, d’où tu viens et combien de dents a ton bébé. Contrairement à Macao, où le troisième type ne semble pas exister, là-bas on a vraiment pu rencontrer des personnes adorables et intéressées à échanger. Il fallait voir le sourire de ces vieux qui peuplaient les ruelles de la vieille ville de Shanghaï! Si au départ on se sentait gênés et voyeurs quand on visitait ces petites ruelles entassées, les regards amusés et les « ni hao » des habitants nous ont réchauffés!

Quelques heures et ben du gossage plus tard, Tongli était un autre petit bijou de jardins traditionnels, de canaux, de petites barques, de Chinois pittoresques qui lavent pittoresquement leurs légumes dans l’eau pittoresque où ils jettent aussi les pittoresques viscères de poisson, et où ils pissent aussi, tout à fait pittoresquement… On ne dit pas « dégueulasse », on dit « pittoresquement culturel »! On peut aussi dire « chinois », tout simplement.

Et Camil dans tout ça? Ça n’aura pas été son voyage le plus facile! Dans tous nos déplacements, nous n’avons trouvé aucun terrain de jeu! Pas non plus de spot de gazon pour s’évacher, faire un pique-nique, jouer au ballon… C’est à se demander où jouent les bébés chinois! Poussette, rack, poussette, les siestes ont été peu nombreuses et souvent avortées par les bruits de perceuse ou les klaxons fatigants. Heureusement, Camil est curieux et adore se promener! Le voyage aura tout de même eu ses avantages : Camil a explosé de vocabulaire, peut-être à force de nous entendre parler entre nous et avec les gens autour. Il a prononcé plusieurs mots nouveaux dont papillon, grizzli, caché, parti, taxi, voyage, sans oublier le spectaculaire « xié xié »!!! Ça ne lui a pris que 3 jours pour intégrer la version mandarine du « merci »! Le soir il était couché dans sa bassinette et on pouvait l’entendre dire « xié xié, xié xié »! Comme vous pouvez l’imaginer, il était la coqueluche des locaux! Déjà qu’on se faisait dévisager par tout le monde (je veux vraiment dire tout le monde!!!!) à cause du p’tit bébé blond dans un drôle de sac à dos, quand il sortait son p’tit « xié xié » avec le sourire, là…

Et de retour à Macao, après avoir attendu presque 4 heures à l’aéroport (dont 2h assis dans l’avion, pu’ capab!!!!!), un beau dégât d’eau nous accueille dans l’appartement! Typhon et futon de bois, ça rime pas jusqu’au bout… Charmant! Mais au moins ici on peut prendre une vraie et grande bouffée d’air sans s’intoxiquer au monoxyde de carbone!!! En espérant qu’il n’y aura pas trop de rénovations à Hellene Garden…

1 commentaire:

CélineT a dit...

Encore une fois, une desdription savoureuse remplie d'humour. Contente que vous ayez finalement fait la rencontre du 3e type.