Tout de même, à quelque 400 spectacles par année, on se ramasse avec des anecdotes comiques. Je n'ai jusqu'ici pas relaté beaucoup de ces aventures sur scène. Alors voici le blooper de la semaine...
On pourrait croire que Zaia est bien rodé, qu'après plus de 700 représentations tout a été lissé et que rien n'accroche... Ça, c'est dans un monde idéal. Dans la vraie vie, le monde idéal a aussi besoin d'un jour de congé par-ci par-là. Vendredi 16 juillet fut l'une de ces journées. L'un des numéros est coupé parce que l'artiste qui l'exécute est blessé et la sphère géante ne veut pas bouger de son rail ce soir. Résultat pour les danseurs: on enchaîne de Globes and Poles (Glauques and Poules) à Automat transition (tomate transition) sans faire le passage du clown en montgolfière. Pour se changer de costume, on a droit à un maigre moment où Kaleen, seule sur scène, s'amuse avec un gros ballon rose tombé du 6e ciel... Une transition qui, avec le numéro de montgolfière de 3 minutes était déjà serrée, alors maintenant sans cet acte, on en est à 30 secondes. Ça promet...
Alors on sort de scène après Globes and Poles. Enfin, j'écris ça comme ça mais c'est pour faire plus court, parce que la vraie version devrait se lire ainsi: " quatre danseurs avec des porte-voix se taponnent dans les coulisses qui ne sont éclairées par aucune lumière. Y fait noir, on voit rien, on est pressés et, dans le brou-haha général, le régisseur nous prévient de faire attention parce que la brouette des jongleurs est dans le chemin". Bon. On arrive dans la petite loge en coulisse qui sert pour les changements de costumes rapides et, dans la confusion, les habilleuses ont oublié de préparer les costumes, dont les pièces sont toutes attachées ensemble par un anneau en tissu. La pauvre petite qui doit nous aider ne semble pas comprendre que je lui demande de défaire le noeud pour avoir accès aux morceaux du costume, elle reste plantée derrière moi, mon bonnet noir dans la main, et me dit "you have to put on the hat first". Surdose de protocole à la cantonaise. Pendant ce temps, la musique de notre entrée en scène se fait entendre. Merde! Personne n'est prêt! Le costume à moitié mis, je cours chercher ma grosse balle verte (eh oui, ma job de danseuse au cirque implique maintenant de serpenter la scène pendant 12 interminables phrases de 8 temps avec une grosse balle verte sur la tête et 10 personnes qui me suivent à la queue leu leu... on se rapproche de plus en plus du fameux dicton de Laurie Sinclair: "Give me the money and where's my banana suit?"). Côté cour, notre groupe de cinq est au rendez-vous, alors on commence à s'avancer sur scène. Mais comme l'équipe du côté jardin brette encore, on s'arrête comme ça, juste assez sur scène pour dire qu'on n'est pas en coulisse mais pas assez avancés pour que ça semble normal. Avec nos grosses boules vertes phosphorescentes sur la tête, on flashe pas à peu près... La suite est une série de mauvaises décisions, d'incompréhensions et d'hésitations, qui pourrait se résumer par "j'avance de deux pas, je fonce dans la personne d'en avant qui s'est arrêtée, je prends deux autres pas, ah non, y faut attendre l'autre côté... ben on y vas-tu, là?" Monumentalement amateur...
Tant qu'à être sur le sujet, je prends le temps de vous raconter ce qui reste jusqu'à ce jour l'une de mes meilleures anecdotes de spectacles qui tournent pas rond, toutes productions confondues...
Notre cher ami Attila a le don de tomber malade ou de se faire mal juste avant d'aller sur scène. Normalement, deux heures et demie avant le spectacle, il faut décider si on peut ou on ne peut pas performer (en fait, c'est le physio qui juge de ça...) pour que la distribution soit organisée en conséquence. Mais Attila, lui, est souvent pris d'un mal de ventre incurable en montant sur le cityscape ou d'une crampe au mollet pendant les jongleurs, par exemple. Alors c'était une de ces journées où, juste avant le Fire Dance, il ne peut plus continuer. Ce qui veut dire que Marie-Noëlle et moi devons faire la transition avant le numéro de trampoline, le fameux "female gypsy" (de toutes les appelations non-contrôlées qu'a reçues la gigue jusqu'à maintenant, c'est quand même la plus farfelue!). Mais là, c'est tout de suite après Fire Dance, et on a déjà commencé le numéro... Pendant que Marie-Noëlle entre sur scène avec son bâton enflammé, Annie, la régisseuse, lui crie : "Marie, ça va êre toooiiiiiii!" Hein? Marie-Noëlle fait toute sa chorégraphie en paniquant. "Comment ça, ça va être moi? Ça fait des mois qu'on n'a pas pratiqué cette version-là? Je ne m'en souviens même plus! Je n'ai pas mis le bon costume!". Elle arrive dans la loge de changements rapides du sous-sol et commence à se déshabiller. Mais il manque sa brassière et... son micro. Oups... Pendant que les habilleuses courent à l'étage chercher les pièces manquantes, Marie-Noëlle reste assise en bobettes dans la loge, couvrant sa poitrine nue de ses bras croisés. Moi, je lui chante les rythmes des pas qu'elle a oubliés: "ok, là tu tombes en six-huit et ça fait ta-ta, tai-tatata tam tam...". J'imagine qu'un vidéo aurait été plus efficace, on appelle ça les moyens du bord... Finalement, le temps est écoulé, Marie-Noëlle est game over parce que son costume ne s'est pas rendu au sous-sol avant qu'il faille monter sur scène. Je monte donc seule sur la plate-forme et j'improvise un solo a capella, qu'on me reprochera d'avoir duré trop longtemps... Mémorable, digne des pires spectacles broche-à-foin de l'époque des Sortilèges!
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1 commentaire:
Wow! C'est vrai que l'on n'a pas eu droit très souvent à de tels récits sur vos mésaventures circassiennes, mais là, c'est hilarant... en tout cas pour nous! Encore! Encore! Encore!
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