vendredi 30 juillet 2010

L'auto c'est bleue (décembre 2009)

Camil adore feuilleter des revues... et parler de ce qu'il y voit. Désolé pour le 360 degrés du départ!

Camil chez Seng Cheong

Camil nous aide avec l'épicerie chez Seng Cheong (hiver 2010).

La moisissure de la rivière (décembre 2009)

Le tout premier single du nouveau groupe "La moisissure de la rivière"!

Suivez d'abord le remue-méninge du groupe et l'évolution de leur nom: The Reverse Mode-- The River's Mould-- La moisissure de la rivière!

Déjà les fans les applaudissent chaleureusement! Hum... Désolé pour vos oreilles...

samedi 24 juillet 2010

Le cadeau de fête!

Camil découvre son cadeau de fête...

La banane est tombée!

Hum, le titre parle de lui-même...

Y'en manque!

Oups! Voici quelques photos qui auraient dû faire partie du message "100% Camil... la suite"
Au parc, dans la lumière du matin!

Sur un drôle de dauphin!

Sarah coupe les cheveux de Camil dans la salle de coiffure du cirque!

Camil, lui, est bien concentré sur son vidéo Baby Einstein!

C'est long...





jeudi 22 juillet 2010

100% Camil... la suite!

Camping d'intérieur! Avec Toutou Lion, bien entendu!

Maman fait la grenouille avec le nouvel imperméable de Camil...

... c'est le cadeau de grand-maman Céline et grand-papa René!

Camil est tout fier de son imperméable!

"Wow! Un tricycle de Mickey!"

Camil célèbre ses 2 ans en compagnie de Doudou et d'Isabelle!

Des rondelles de bananes pour déjeuner, un classique! Notez la brume par la fenêtre en arrière!

Le plus beau des papillons (et sa pâte à modeler verte!)

Comme on aime les matins de pâte à modeler dans le "nouveau appartement"!

Camil est très fier de se rendre au parc en tricycle comme un grand!

Collation sur le bord de la plage : des bibis soda!

Quelle face!!!!!

"Iiiiiiiiiiii"!

Un vrai p'tit gars!

Il est bien sérieux...

Toujours du plaisir à jouer avec les feuilles mortes et les cailloux!

Camil joue à cache-cache sous la couverture!

"Comment ça se fait que vous m'avez trouvé?"


















lundi 19 juillet 2010

Le blooper de la semaine

Tout de même, à quelque 400 spectacles par année, on se ramasse avec des anecdotes comiques. Je n'ai jusqu'ici pas relaté beaucoup de ces aventures sur scène. Alors voici le blooper de la semaine...

On pourrait croire que Zaia est bien rodé, qu'après plus de 700 représentations tout a été lissé et que rien n'accroche... Ça, c'est dans un monde idéal. Dans la vraie vie, le monde idéal a aussi besoin d'un jour de congé par-ci par-là. Vendredi 16 juillet fut l'une de ces journées. L'un des numéros est coupé parce que l'artiste qui l'exécute est blessé et la sphère géante ne veut pas bouger de son rail ce soir. Résultat pour les danseurs: on enchaîne de Globes and Poles (Glauques and Poules) à Automat transition (tomate transition) sans faire le passage du clown en montgolfière. Pour se changer de costume, on a droit à un maigre moment où Kaleen, seule sur scène, s'amuse avec un gros ballon rose tombé du 6e ciel... Une transition qui, avec le numéro de montgolfière de 3 minutes était déjà serrée, alors maintenant sans cet acte, on en est à 30 secondes. Ça promet...

Alors on sort de scène après Globes and Poles. Enfin, j'écris ça comme ça mais c'est pour faire plus court, parce que la vraie version devrait se lire ainsi: " quatre danseurs avec des porte-voix se taponnent dans les coulisses qui ne sont éclairées par aucune lumière. Y fait noir, on voit rien, on est pressés et, dans le brou-haha général, le régisseur nous prévient de faire attention parce que la brouette des jongleurs est dans le chemin". Bon. On arrive dans la petite loge en coulisse qui sert pour les changements de costumes rapides et, dans la confusion, les habilleuses ont oublié de préparer les costumes, dont les pièces sont toutes attachées ensemble par un anneau en tissu. La pauvre petite qui doit nous aider ne semble pas comprendre que je lui demande de défaire le noeud pour avoir accès aux morceaux du costume, elle reste plantée derrière moi, mon bonnet noir dans la main, et me dit "you have to put on the hat first". Surdose de protocole à la cantonaise. Pendant ce temps, la musique de notre entrée en scène se fait entendre. Merde! Personne n'est prêt! Le costume à moitié mis, je cours chercher ma grosse balle verte (eh oui, ma job de danseuse au cirque implique maintenant de serpenter la scène pendant 12 interminables phrases de 8 temps avec une grosse balle verte sur la tête et 10 personnes qui me suivent à la queue leu leu... on se rapproche de plus en plus du fameux dicton de Laurie Sinclair: "Give me the money and where's my banana suit?"). Côté cour, notre groupe de cinq est au rendez-vous, alors on commence à s'avancer sur scène. Mais comme l'équipe du côté jardin brette encore, on s'arrête comme ça, juste assez sur scène pour dire qu'on n'est pas en coulisse mais pas assez avancés pour que ça semble normal. Avec nos grosses boules vertes phosphorescentes sur la tête, on flashe pas à peu près... La suite est une série de mauvaises décisions, d'incompréhensions et d'hésitations, qui pourrait se résumer par "j'avance de deux pas, je fonce dans la personne d'en avant qui s'est arrêtée, je prends deux autres pas, ah non, y faut attendre l'autre côté... ben on y vas-tu, là?" Monumentalement amateur...

Tant qu'à être sur le sujet, je prends le temps de vous raconter ce qui reste jusqu'à ce jour l'une de mes meilleures anecdotes de spectacles qui tournent pas rond, toutes productions confondues...

Notre cher ami Attila a le don de tomber malade ou de se faire mal juste avant d'aller sur scène. Normalement, deux heures et demie avant le spectacle, il faut décider si on peut ou on ne peut pas performer (en fait, c'est le physio qui juge de ça...) pour que la distribution soit organisée en conséquence. Mais Attila, lui, est souvent pris d'un mal de ventre incurable en montant sur le cityscape ou d'une crampe au mollet pendant les jongleurs, par exemple. Alors c'était une de ces journées où, juste avant le Fire Dance, il ne peut plus continuer. Ce qui veut dire que Marie-Noëlle et moi devons faire la transition avant le numéro de trampoline, le fameux "female gypsy" (de toutes les appelations non-contrôlées qu'a reçues la gigue jusqu'à maintenant, c'est quand même la plus farfelue!). Mais là, c'est tout de suite après Fire Dance, et on a déjà commencé le numéro... Pendant que Marie-Noëlle entre sur scène avec son bâton enflammé, Annie, la régisseuse, lui crie : "Marie, ça va êre toooiiiiiii!" Hein? Marie-Noëlle fait toute sa chorégraphie en paniquant. "Comment ça, ça va être moi? Ça fait des mois qu'on n'a pas pratiqué cette version-là? Je ne m'en souviens même plus! Je n'ai pas mis le bon costume!". Elle arrive dans la loge de changements rapides du sous-sol et commence à se déshabiller. Mais il manque sa brassière et... son micro. Oups... Pendant que les habilleuses courent à l'étage chercher les pièces manquantes, Marie-Noëlle reste assise en bobettes dans la loge, couvrant sa poitrine nue de ses bras croisés. Moi, je lui chante les rythmes des pas qu'elle a oubliés: "ok, là tu tombes en six-huit et ça fait ta-ta, tai-tatata tam tam...". J'imagine qu'un vidéo aurait été plus efficace, on appelle ça les moyens du bord... Finalement, le temps est écoulé, Marie-Noëlle est game over parce que son costume ne s'est pas rendu au sous-sol avant qu'il faille monter sur scène. Je monte donc seule sur la plate-forme et j'improvise un solo a capella, qu'on me reprochera d'avoir duré trop longtemps... Mémorable, digne des pires spectacles broche-à-foin de l'époque des Sortilèges!

vendredi 16 juillet 2010

Prise deux (décembre 2009)

Gabriel essaie de faire passer la leçon encore une fois, mais...

C'est jaune! (décembre 2009)

Bon, ça fait longtemps, ça date du temps des fêtes, mais c'est trop mignon pour passer à côté... Gabriel essaie d'enseigner les couleurs à Camil.

mercredi 14 juillet 2010

Autour du jardin Luis de Camoes

Aujourd'hui, mercredi, unique journée de congé, improbable ciel bleu, je suis allée faire un tour dans le coin du jardin Luis de Camoes, Macao. J'ai déambulé pendant trois heures autour du jardin, dans ces petites ruelles et traverses inaccessibles aux voitures. Rien à voir avec le Grand Lisboa et ses rutilants néons. Ici, c'est tout un microcosme typiquement chinois qu'on peut apprécier, une surprise cachée entre un étalage de jus de bambou et une pharmacie traditionnelle orientale. Le genre d'endroit où, pendant que tu photographies un noeud de fils électriques bancalement fixés à une vieille maison de tôle grise, une dame âgée d'un siècle transporte des paniers tissés en plein milieu de la route, le dos courbé à 90 degrés sous sa chemise mauve fleurie. Ou encore, une place où tu peux photographier des cordes à linges improvisées sous toutes leurs coutures avant de réaliser que, juste à côté des bobettes en dentelle, une tête de poisson ouverte sèche paisiblement sur son cintre... Un charmant petit dédale de ruelles prenant parfois des allures de village de campagne, calme et sans prétention. D'accord, je me suis fait dévisager tout plein. Non seulement le coin n'est pas très touristique, mais en plus mes sujets de photos pouvaient passer inaperçus aux yeux des locaux. Souvent, après m'avoir dévisagée avec incrédulité, les passants tournaient leur regard vers ce que mon objectif semblait pointer. Ils levaient un sourcil et s'éloignaient en riant. Mais que voulez-vous, je trouve ça pittoresque, moi, la lessive qui sèche sur un bout de bambou en plein milieu d'un champ de construction! Support visuel à suivre...

mardi 13 juillet 2010

Des questions et des mangues (Philippines, juin 2010)

Des questions et des mangues... ou le récit d'un voyage aux Philippines

De retour d’une semaine de vacances aux Philippines, je pourrais vous raconter ces plages impeccables, posant paisiblement pour les cartes postales. Je pourrais vous dire cette délicieuse semaine passée les pieds dans l’eau à faire couler le sable entre les orteils, le nez dans un guide de voyage à dénicher de bonnes adresses, les yeux dans un masque de plongée à découvrir une vie de poisson, la main dans le sac à la recherche de quelques pesos pour payer un jus de mangues fraîches, la bouche dans… Bref, je pourrais vous peindre ce que sont les vraies vacances en amoureux sous le soleil philippin. Mais ça, je le laisse à mon appareil-photo. Il en a long à conter sur le sujet et il fait bien son travail. Et puis, ce ne serait pas tout vous dire sur mon séjour.

Ce que mes photos ne pourront pas vous révéler, ce sont les réflexions qui m’ont accompagnée au pays des mangues sucrées. J’ai réfléchi. Beaucoup. Souvent. Presque à chaque pas, chaque tournant. Parce que là-bas, dans ce quartier de Manille où nous logions, chaque coin de rue appartient à quelqu’un. Ou à une famille entière. Combien de Philippins vivent ainsi dans la rue, entre les vidanges éventrées et les coquerelles fouineuses? Combien d’enfants quémandent ainsi toute la journée, pieds nus, sales, sans jouets, parfumés de cette fumée noire et toxique vomie par les jeepneys?

Le long de la baie de Manille, une promenade toute aménagée, mise sur son trente-six pour accueillir touristes et flâneurs. Mais ce sont les gens de la rue qui se sont appropriés l’endroit. Sur chacun des bancs qui jalonnent le chemin, on trouve un dormeur, un vendeur de bouteilles d’eau, une mère et son enfant… Juste en face, les chiens bâtards et les frères et sœurs s’entassent sur un tricycle-dépanneur-maison. Plus bas, dans la baie, on s’est construit un abri avec de vieilles toiles déchirées, ou encore on dort dans son bateau. Il pleut. Ces sans-abri n’ont ni souliers, ni chapeau, ni manteau, ni toit… Imaginez vous allonger sur un banc le soir en sachant que vous passerez la nuit trempé, que vous ne serez sec qu’à la prochaine percée de soleil… À côté de nous, un passant, encore plus paumé que tous les autres, fait la tournée des squatteurs de bancs. Il vend des boîtes de cartons défaites. On lui en achète une. Ceci n’est pas une boîte de carton. C’est un parapluie, c’est un lit, c’est un chez-soi… Est-ce cela, gagner sa vie, aux Philippines? Dans la jungle de la ville, on fait ce qu’on peut avec les moyens du bord. Système D. D comme dans démerde. Ou désolant, c’est selon.

Quatre enfants arrivent dans le jeepney que nous avons pris pour jouer aux Philippins. Ils ont le visage crotté, les dents croches et les vêtements défraîchis. Le chauffeur veut récolter les pesos réglementaires. Les jeunes se taisent. Le chauffeur baragouine quelques mots qui ne sonnent pas très doux. « Salamat! », répond l’une des filles. Ils ont réussi à entrer sans payer. Pour cette fois-ci du moins. Les gamines se moquent de nous avec toute l’insolence que la vie dans la rue leur a enseignée. Bien sûr! Je trimballe un appareil-photo qui vaut plus que tout ce qu’elles recevront de la quête cette année. Je respire à travers mon foulard pour ne pas suffoquer, j’ai mal à la tête avec toute cette pollution indélébile et les relents d’ordures me donnent des haut-le-coeur. Et dire que ces quatre flots baignent dans la puanteur de Manille jour après jour… L’une des filles s’amuse avec un yoyo, qu’elle lance par la fenêtre basse du véhicule. Quand on s’arrête, ses petits pieds nus et noircis sautent sur l’asphalte. En haut, en bas, en haut le yoyo et hop! on embarque dans le jeepney avant qu’il ne s’éloigne trop. Sa copine chante en regardant dehors. Petit répit dans cette vie impitoyable. Le jeu ne dure pas longtemps, les enfants descendent quelques coins de rues plus loin. On les revoit un peu plus tard, près de notre hôtel, faisant la quête devant le dépanneur. Le 7-Eleven, un luxe impensable, inaccessible à tous ces mendiants parce que bien gardé par un agent de sécurité… Le même soir, plus bas sur l’avenue de notre hôtel, on revoit la petite fille du yoyo, qui traîne ses dix ans jusqu’à notre taxi arrêté au feu rouge. Elle cogne dans la vitre, contente de nous revoir, exhibant ses dents qui se chevauchent dans un sourire espiègle. Elle nous supplie de lui donner de l’argent, nous fait signe de vouloir manger, les yeux piteux… À quoi rêve-t-on quand on a dix ans et qu’on dépend de la générosité des passants pour souper le soir? La rue comme terrain de jeu… est-ce vraiment une vie pour grandir?

Toutes ces familles sans adresse… d’où viennent-elles? Ces bambins de la rue, ont-ils été conçus ici aussi, à la sauvette, sur une boîte de carton le long du boulevard Roxas? Où sont-ils nés? Dans ce bateau à la voile déchirée qui ballotte sur l’eau nauséabonde de la baie? Quel destin les attend? Quelles promesses d’avenir peut-on espérer dans ces conditions? Quel sens peut bien porter le mot « demain » quand tout semble être une fatalité? N’est-ce qu’un autre jour plus ou moins pluvieux, plus ou moins chanceux? Et les parents, dans tout ça? Comment se sent-on quand tout ce qu’on peut offrir à nos enfants, ce sont des places mouillées sur un trottoir crade? J’ai beau essayer de m’imaginer la vie de ces gens, cela dépasse mon entendement. Comment concevoir la rue au quotidien, beau temps mauvais temps, du lundi au dimanche, toujours ouvert même à Noël, la rue dans tous ses états et sans sortie de secours?

Sur le bord de l’autoroute qui fuit Manille la malodorante, un énorme panneau publicitaire annonce le paradis de verdure d’un quartier résidentiel digne des meilleures banlieues américaines. Plus bas, beaucoup plus bas, dans la base de la structure qui supporte ces images utopiques, quelqu’un s’est construit un taudis, un amoncellement de détritus qui vivra jusqu’à ce que le prochain typhon le démantèle. Comme illustration du fossé qui sépare les classes sociales, on aurait difficilement pu faire mieux. Et là-bas, à une heure et demie de route de Manille, on retrouve enfin une vie digne de ce nom, avec un ciel bleu qui sent la verdure et des maisons couvertes par un toit grand comme un parapluie. De grands champs verts gisent autour, attendant qu’un cultivateur improbable vienne les trouver. Certes, il y a des richesses, ce n’est pas la toundra!

Alors, si les mangues juteuses et les champs d’ananas s’offrent si généreusement au peuple, pourquoi autant de mendiants? Qui profite ainsi de cette abondance naturelle? Où s’en va l’argent du pays? Pourquoi autant de pauvreté? Pourquoi aussi peu de travail pour les gens d’ici? Pourquoi toutes ces Philippines qui laissent leurs enfants derrière pour aller s’occuper des morveux des autres à Macao, Singapour ou Yellowknife? Comment faire pour s’en sortir? Quelles noms donnent-ont à ces solutions? Quand?
Et moi, petite moi gâtée par la vie, que puis-je pour tous ces humains malmenés? Si je leur donne quelques pesos, si je leur offre de la nourriture, c’est bon pour ce soir, mais demain? Et après-demain? Et lundi matin? Et dans dix ans? Comment puis-je les aider, réellement, moi qui ne suis que de passage dans ce pays à la morale incompréhensible? Mon impuissance me fâche et m’attriste. Merde.

Je n’avais jamais vu autant de pauvreté de ma vie. J’ai été choquée. Choquée comme dans « être en colère », choquée comme dans « bouche bée ». On en parle et ça semble être fatal, irréversible, voire normal qu’il en soit ainsi. Moi, là-bas, je me suis imaginée un extra-terrestre qui visiterait la planète Terre pour la première fois. Il verrait une poignée d’individus qui se noie dans l’abondance, alors que la majorité croupit dans la misère et la famine. Qu’en penserait-il? Sans doute que la situation est assommante d’absurdité, que l’injustice saute aux yeux si bien qu’il faudrait être aveugle pour ne pas se sentir concerné… J’irais plus loin, je dirais qu’il devrait être planétairement illégal de posséder autant pendant que d’autres peinent à survivre. Pourquoi riez-vous? Je rêve, vous dites? Oui, je rêve d’un monde où on arrêterait de faire semblant que c’est comme ça la vie et tant pis pour les perdants. Ça n’a pas de sens, un point c’est tout. « Tous les humains naissent égaux… ce n’est tellement pas vrai, ça! ». Oui, tu as raison Gabriel. On nous monte un bateau.

En rentrant de voyage, j’ai voulu comprendre. J’ai posé toutes mes questions à mon ami Kris-Belle, née aux Philippines. « C’est la faute à la corruption », qu’elle m’a répondu. On s’en doute. L’argent qui revient au peuple se ramasse dans la maison d’été du président. Il n’y a pas d’argent pour rien ni personne et donc peu de travail pour les Philippins. L’éducation coûte cher et sans scolarité, impossible de t’en sortir. Même les diplômés (professeurs, médecins, etc.) préfèrent travailler à l’étranger. Les salaires sont si bas qu’il est plus payant d’être femme de ménage à Hong Kong qu’enseignante à Manille. Et pourtant, la paye n’est pas si haute que ça pour les nounous expatriées… Quant aux richesses de la terre qui pourraient être exploitées, rien ne régit la vente des produits alors, apparemment, la quête rapporte souvent plus que le labeur aux champs. Et, parlant de quête, Kris-Belle nous met en garde contre ces enfants qui nous supplient de vider notre porte-monnaie, car ils doivent souvent rapporter leur récolte journalière à un patron qui s’en met plein les poches. Quelle horreur, profiter ainsi d’enfants déjà si démunis! La seule question à laquelle mon amie n’a pu répondre, c’est à savoir ce qu’on peut faire pour changer les choses. Elle a haussé les épaules et m’a simplement dit qu’un nouveau président vient d’entrer en fonction. Il se serait donné comme mission d’enrayer la pauvreté en mettant fin à la corruption. Elle a dit que c’est toujours la même histoire, mais qu’à chaque fois le peuple garde espoir que ce sera la bonne.

L’espoir… il en faut une sacrée bonne dose quand on habite la rue. Pas d’espoir et c’est la mort. Et-ce cela, le sourire radieux et la bonne humeur inébranlable des Philippins? Est-ce l’espoir qu’un jour tout sera différent? Je vous parle de misère, de pauvreté, de mendicité, mais je ne pourrais taire la joie de vivre inhérente au peuple philippin. Les pauvres sont-ils si malheureux sur leur bout de trottoir? La question semble idiote pour qui vit dans la ouate, mais qu’en pensent ces quêteurs de père en fils? Si ce coin de rue représente tout ton univers depuis toujours, devient-il hospitalier au point que tu puisses t’y sentir chez toi? Ma vision est peut-être biaisée par mes habitudes confortables, car qui sait ce que ressentent vraiment ces gens sans domicile?

Et puis malgré tous les reproches que pourrait endosser le pays, en dépit de la corruption indélogeable, de la pauvreté omniprésente et d’autres difficultés de la même famille, on ressent très bien chez ce peuple jovial la fierté d’appartenir à la nation philippine. Nous sommes allés voir un spectacle de danses traditionnelles au centre culturel des Philippines. La représentation commence avec l’hymne national. Tous les spectateurs (sauf Gabriel et moi, probablement les deux seuls étrangers dans la place) se lèvent automatiquement et commencent à chanter, la main droite sur le coeur. Pour le dernier numéro, les danseurs transportent un gros drapeau du pays et la foule applaudit chaudement. Au-dessus de leur tête, un autre drapeau, deux fois plus gros, descend lentement du plafond. Et rebelote l’hymne national la main sur la poitrine, le chœur des spectateurs et des danseurs se joignant cette fois-ci à un accompagnement musical digne de la finale d’un film de conte de fées version Disney. On appelle ça l’amour inconditionnel pour la mère patrie. Pas de danger de voir une telle chose se produire au Québec, malgré toute la ferveur sirop-d’érablienne dont on se targue…

Cette fois-ci, comme souvenirs de voyage, j’ai donc ramené des Philippines tout un questionnement. Des idées sur la vie quand on est pauvre pour de vrai, sur la signification de l’espoir et d’un pays, sur les choix jusque-là difficiles à comprendre de toutes ces aide-ménagères dévouées de Macao, sur le pourquoi d’un taux d’imposition à 40%, sur l’importance de la politique pour un peuple, sur l’environnement qui passe en dernier quand on n’a pas de quoi manger, sur les rêves des enfants de Manille, bref sur cette espèce qu’on appelle l’Homme avec une grande hache, espèce qui se croit parfaite mais qui ne sait que faire de tous ces casse-tête d’injustices. Ne vous y méprenez pas, je ne vaux pas mieux qu’une autre, je fais moi aussi partie de ce portrait déplorable.

Pendant ce temps, sur la plage de Boracay, les touristes continuent de se prélasser et de dilapider leurs pesos, bien à l’abri de la pauvreté et de la réflexion sur cette île hermétiquement scellée par une mer au camaïeu de turquoise inoubliable. Pour la plupart, c’est tout ce qu’ils connaîtront des Philippines et la question la plus éminente restera « daiquiri ou mojito? ».

samedi 10 juillet 2010

Chlibed à Macao

Voici le lien vers un vidéo réalisé par mon collègue et ami Olivier Milchberg, mettant en vedette Chlibed (Dimitri Hatton), qui a travaillé comme clown à Zaia pendant un an. C'est bien comique et ne manquez pas le punch final!

http://vimeo.com/12259163