Connaissez-vous le boeuf? Cette figurine de l'astrologie chinoise, propriété Camil Girouard, possède des talents remarquables: le boeuf danse, le boeuf plaque des accords sur la guitare de ses quatre fines pattes, mais surtout le boeuf aime se retrouver dans les endroits les plus inusités: boxers, frigo, plat de margarine, étui à violon, oreiller... Fidèle à lui-même, il s'est donc glissé dans nos valises avant notre visite de 2 jours à Guangzhou. Chroniques d’un bœuf et de 3 Québécoises à Guangzhou
Guangzhou sous la pluie
Bouh! Quelle météo peu clémente! Pas de problème, car la ville cache des trésors de visites intérieures. On a donc mis le cap sur la maison des Chen, un site qui expose des pièces d'artisanat traditionnel chinois: calligraphie, sculpture d'ivoire, de roche, gravure miniature sur pierre, découpure de papier, peinture et autres sources de wow, il y en avait du beau stock là-bas! L'occasion idéale de se rappeler que le peuple chinois détient un savoir-faire millénaire et extrêmement raffiné. J'ai trop souvent tendance à l'oublier quand je vois des techniciens qui patchent le plafond avec des vieux boxers (histoire vécue!!!)... Entre les artisans de la grande muraille et les rénovateurs ok very good, il y a tout un monde. Le boeuf s'est fait beaucoup d'amis, je pense qu'il s'est senti comme chez lui avec toutes ces représentations des signes astrologiques... Au fait, quelqu'un peut m'expliquer pourquoi les animaux du zodiaque sont si importants pour les Chinois? Pas que je sois fâchée d'être un cochon mais... oink oink!
Guangzhou dim sum
Mmmm, ces délicieux petits tapas chinois, typiquement cantonais et si abondants dans le sud de la Chine... ben on n'en a pas bouffé un seul!!! Faut le faire, aller à Canton et pas manger une seule fois de la cuisine cantonaise... Ben quoi, c'est pas de notre faute! Les deux fois où on a voulu manger au resto, il n'y avait rien dans le coin!!! Ceux qui me connaissent et qui connaissent ma mère savent que quand on a faim, c'est là là!!!!!!!!! Le premier soir, dans l'urgence, on a trouvé une pizzeria tout à fait américaine, à la différence près que le serveur a écarquillé les yeux quand on a précisé que oui oui, on voulait bien chacune une pizza de format régulier... Pour le reste, on se serait crues chez nous: décoration quelconque mais pas inexistante, prix décents (donc chers selon les standards de là-bas), menu où tout est décrit d'une façon idéaliste: une succulente pizza, croûte tendre et pepperoni juteux, tomates savoureuses et sauce relevée, cuite à point bien sûr selon l'ancestrale et célébrissime recette de Papa John's, la meilleur pizza au monde... Mon Dieu, lâchez-moi le festival des adjectifs!!! Ça reste ben yenque une grosse pizz’ graisseuse! Il y a quelque chose qui m’énerve maintenant dans les restos style américain. Il me semble qu'on ne met pas l'emphase sur les bonnes choses. Dans le fond, on s'en fout si les lampes matchent pas avec les banquettes. La pizza n'est pas meilleure parce qu'on farcit le menu de superlatifs usés. On dirait qu'on fignole plus l'assiette que son contenu. Il y a quelque chose d'authentique dans les bouis-bouis chinois et autres shop à soupes crades. Souvent, la bouffe est délicieuse, vraiment!!!! Il suffit juste de passer par-dessus nos concepts américains. Le menu est écrit au feutre noir sur des cartons fluos qui sont maintenus sur le mur grâce à des scotch tapes poussiéreux, les néons n'avantagent pas le teint de ton commensal, la serveuse te balance les plats sans te regarder et tu dois courir après pour avoir quoi que ce soit, l'assiette est éméchée et ne provient pas du même magasin que la théière, ton voisin de table crache ses os par terre, mais en bout de ligne, quelle importance? Le secret est dans la sauce, apparemment... Je sens que j'aurai de la difficulté à me réadapter aux établissements américains à mon retour au Québec. Payer 12$ plus taxe plus pourboire pour un p'tit sandwich même pas bon servi dans une place tendance avec éclairage tamisé, ça me semble un peu ridicule maintenant... Bonjour le quartier chinois et les petits restos pleins de fautes de traduction sur le menu qui affichent ouvert, ouvert, ouvert, ouv rt, ouv rt dans leur vitrine grâce à un néon quétaine bleu et rouge!
Deuxième tentative de manger cantonais, on aboutit dans un resto... arabe!!! Quand je dis un resto arabe, je veux dire qu'il y a une salle de prière adjacente, qu'à côté de nous un homme à la tête de turban grignote des oignons verts et qu'on était les 3 seules femmes présentes à part les serveuses!!! Le menu était imaginativement traduit en français mais heureusement il y avait les photos, dans le cas de non-concordance entre les 2 versions, la version support visuel prévaut. Petite terreur, soupçon de détresse et pincée de compassion dans les yeux du boeuf quand il a vu arriver mes délicieux kebabs...
Guangzhou que cé ça????
Ben voyons, c'est le marché aux oiseaux!!! Contrairement à Shanghaï, où le marché homonyme portait très mal son nom, ici on a vu de la belle volaille! Un genre de gros pet shop mais en plus bordélique! De chaque côté d'un couloir exigu, des vendeuses somnolent entre les cages à oiseaux, les pigeons roucoulants ou les bacs de moulée pour chiens en vrac. En vedette aussi: des gros bacs pleins de vers à poubelle grouillants... Faut ben que ça mange, ces oiseaux-là... Le boeuf se sentait petit dans ses culottes à côté de ces bestioles.
Guangzhou show
L'histoire commence quand on veut prendre le métro à l'heure de pointe pour aller voir le spectacle du cirque Chime Long... Après quelques stations sur la ligne jaune, on transfère sur la bleue. Mission: partir d'une station centrale pour se rendre à l'autre bout de la ligne, visiblement en banlieue de Guangzhou. Ok, oubliez tout ce que je vous ai déjà raconté sur l'abondance de la populace en Chine... Là, je vous jure que c'était l'expérience ultime de l'entassement humain!!! Quelques descriptions précises s'imposent... On descend sur le quai et on réalise que des employés du métro retiennent des barrières et bloquent l'accès au quai. Pourquoi? Parce que le quai est déjà rempli de Chinois qui veulent embarquer. Finalement, les barrières sont retirées, une deuxième couche de personnes se rajoute à celle déjà existante sur le quai. Le métro arrive et, du fond de cet amas humain, on prend des notes sur la façon de faire chinoise: pousser les gens qui sortent de la rame à l'intérieur pour s'assurer de pouvoir entrer dans le train avant les autres, se servir des ses coudes ou de toute autre astuce irrespectueuse pour se tailler une place. Ne pas attendre go, foncer. Bon. On médite là-dessus pendant que la masse de personnes atteint un bon deux mètres de profondeur et une densité maximale en largeur. Le métro arrive... vide! Oh my God, accrochez-vous bien les amis, voici le moment de vivre l'expérience chinoise par excellence!!! Quelques Chinois plus agressifs et plus chanceux parce que proches des portes se garrochent (et je vous mets ça smooth...) sur les sièges du wagon. Dans notre dos, à côté de nous, devant nous, ça pousse de tous les côtés, la foule avance, la foule pousse, la foule nous soulève et on décolle de terre, la vague humaine nous entraîne à l'intérieur, ouiiiiiiiiiiii! Laurence et moi on rit aux larmes et aux éclats et on trouve ça magique d'être entrées sans même avoir bougé les pieds! Autour de nous, les Chinois soupirent et ne semblent pas comprendre ce qu'il y a de drôle là-dedans. J'ai le cellulaire rose d'une jeune Chinoise à 2 pouces de la face, toutes les surfaces de mon corps sont collés à quelqu'un, je ne peux pas bouger autre chose que ma bouche tellement on est sardinés et pendant 5 stations les Chinois qui entrent poussent et poussent pour se faire une place et ensuite les Chinois qui sortent nous font tournoyer comme des bobettes sales dans la cuvette de la laveuse. Sti que c'est beau la Chine des fois. Ça a pris sept stations avant qu'on revoit Céline, qui était environ à un mètre de nous...
C’est pas tout!!! L’aventure se poursuit quand on débarque finalement à Panyu square, dernière station, pour se rendre au spectacle. Sauf que, heille! Y’a pas de sortie Chime Long! Après moult mimes et quelques bribes d’anglais, on finit par comprendre qu’on est allées 3 stations trop loin! Bordel, on repart en métro, là il est rendu 19h10 et le show est à 19h30… Quand, à 19h27, on arrive enfin à l’extérieur de la station Changlong (on aurait pu s’en douter, mais ma stupide carte disait bien Panyu Square…), tout ce que je souhaite c’est de trouver un bus navette pour me rendre au PC sur le site du cirque. Mais monsieur stupide chauffeur de navette a fini sa journée et il ne va surtout pas m’aider en m’indiquant où se trouve le quai des départs… Quand même le cantonais marche pas, c’est qu’on a en face de nous un cannot « immuable dans le temps et l’espace » (dixit Bonenfant, 1999, à propos des capsules…) Aaaaaaaaargh! Cochonnerie! Le chauffeur de taxi, lui, comprend que c’est la chance de sa vie, il me harcèle pour m’emmener là-bas à 30 yuan. Bon, au diable les dépenses, la cause est bonne, on marchande un peu pis 25 yuan plus tard, on arrive. Fiou, 19h32, les amis… Le gardien de sécurité à l’entrée du site fait du zèle et insiste pour fouiller nos sacs. « Laisse faire ça, y’est tard! » semble lui lancer la déchireuse de billet depuis ses tourniquets. « C’est des étrangers », répond le gardien en chinois…. Comment on dit ça, trou de cul, en cantonais??? Bon, comme on avait eu la brillante idée de laisser nos bombes à l’hôtel, on passe enfin, mais là on n’a pas de billets, faut repasser tout le contrôle de sécurité à l’envers et revenir sur ses pas pour aller à la billetterie. Alors, dans un élan héroïque et ben écoeurée de toutes ces niaiseries, je saute par-dessus la barrière et je cours jusqu’à la billetterie, suite à quoi un crétin de Chinois se flanque devant moi carré et achète ses billets, puis, une fois la mission accomplie, je reviens en simulant une course de victoire ralentie. Pour une fois, la Chinoise déchireuse de billets est de notre bord, elle rit et lève son pouce à mon incroyable courage… 19h43, on entre enfin sous le chapiteau…
À propos du spectacle (car, au fond tel était le but de cette section…), ben je dirais que ce fut une excellente occasion d’observer le Chinois dans son habitat naturel… C’était un show de cirque typique, avec des actes acrobatiques impressionnant mais clichés, des clowns à perruques multicolores qui se frappent et font des tatas au public, des oursons en tutus qui font le tour de la piste, des danseuses tribales africaines avec plus de chevelure que de costume, des artistes qui font semblant de ne pas entendre les applaudissements et font monter les enchères, des p’tits singes qui font de la bicyclette et un lion sur un podium dans le numéro final… Vous voyez le genre? Personnellement, ça ne m’allume pas tant que ça. Je veux dire : les actes acrobatiques sont époustouflants, certes, mais je me tanne d’un build-up avec 6 finales différentes pour te faire croire 6 fois que tu as tout vu, la musique trop forte qui peak dans les haut-parleurs, les clowns aux gags de style tarte à la crème, j’embarque pas tellement. Le pire c’est les animaux! Un singe qui fait de la bicyclette et qui fait semblant de battre un clown, je trouve ça plus pathétique qu’autre chose. Un ours, c’est pas fait pour faire un combat de boxe tous les soirs pendant des années, c’est tout.
Mais le plus fascinant était d’observer le public. Bon, d’accord, il était majoritairement composé d’enfants du primaire tous habillés en uniforme bleu et blanc. Tout de même, c’était surprenant de voir la réaction des gens. Le bon vieux truc de « quoi? J’entends pas, plus d’applaudissements! » fonctionne à merveille ici. Et les animaux, ça pogne vraiment! Je crois que l’envolée de colombes de la finale a reçu plus d’applaudissements que n’importe quel autre acte… Mais surtout, surtout, les Chinois CAPOTENT avec les tournées de clowns dans le public et les petits cadeaux qu’ils pourraient recevoir. Vous auriez dû voir, quand les clowns descendaient dans les allées pour serrer des mains ou saluer de la tête, tout le monde se levait de son siège et agitait le bras frénétiquement, comme des naufragés perdus en mer dont la vie était en danger s’ils ne sortaient pas de là dans les 15 prochaines minutes… Il y avait aussi un numéro où les acrobates catapultaient des toutous grenouille dans le public, on a bien dû avoir quelques cas de mort par piétinement (pas encore de vaccin disponible pour cette maladie…). Dans une de leurs animations, les clowns choisissaient quelqu’un dans la salle pour monter sur scène et participer à leur petit scénario de duel amoureux entre le nerd poche et le Casanova. La fille aurait fait n’importe quoi pour gagner son p’tit toutou à accrocher au rétroviseur de l’auto! On aurait dit une de ces écolières qui assistaient ce soir-là, pourtant c’était bel et bien une adulte respectable… Elle, elle s’en foutait du scénario à jouer, elle voulait juste sa bébelle. Bon, si on cherche des causes socio-historiques à ce comportement, on pourrait se dire que, dans un pays de milliards d’habitants fortement marqué par le communisme, il doit être assez rare d’être traité de façon spéciale, de se sentir unique, ou d’avoir une chance particulière en tant qu’individu. Faut que tu te garroches parce que, derrière toi, tout un tas de monde veut la même chose… Un peu dur à comprendre pour nous, qui venons d’un pays où il y a plus de sapins que de têtes de pipe…
Le spectacle m’aura au moins fait réfléchir sur la notion de « cirque » pour les Chinois. Si, pour eux, c’est ça un cirque, alors je comprends mieux pourquoi ZAIA n’est pas populaire. Notre spectacle a quelque chose de snob, de distant, le public s’assoit, regarde et c’est donc plate, y’a même pas de toutous qui tombent du ciel et personne ne vient nous serrer la main! Les actes sont plus raffinés, les costumes plus somptueux, la musique est plus intéressante, le tout est moins cliché, donc ça se rapproche plus du théâtre que de la gang de saltimbanques ambulants qui rassemble tous les freak du village. Autrement dit, si tu viens voir ZAIA avec l’idée de rire un bon coup grâce à des perruques fluos qui se font des jambettes grosses comme le bras, tu vas être déçu, parce que le spectacle est plus du genre poétique. Bon, la réalité, c’est qu’on est en Chine, pas à Vegas, alors moi je propose que Cirque du Soleil investisse dans une catapulte géante qui lancerait des toutous Hello Quétaine à longueur de journée. 20 MOP le billet, notre fortune serait assurée.
Même à la sortie du spectacle de Chime Long, l’aventure se poursuit. Les toilettes (turques, ai-je besoin de le préciser?) sont envahies par des fillettes à chemise jaunes qui se dandinent en attendant leur tour… Chime Long, un succès bœuf!
Guangzhou cannot
Je ne sais pas si c’est parce que Camil n’était pas avec nous, mais il me semble que cette fois-ci on a eu droit à ben du cannot. Souvent, on nous a interdit de prendre des photos, même si la plupart du temps ce n’était rien de personnel ou de compromettant, à moins que le présentoir de beignes n’ait une vie secrète qui m’échappe complètement… Moi je suis tannée des cannot, j’aime pas ça les cannot, je comprends pas ça les cannot, alors le nouveau jeu est de s’en foutre des cannot. Une pauvre employée du salon de thé se démenait pour nous expliquer le plus gentiment du monde que les photos c’était cannot, jamais, impossible, mais eh que c’est plate, je parle pas mandarin, ni cantonais, ni même anglais… J’ai fini par la prendre elle en photo, pauvre créature. Selon ma logique de crevette, j’en ai déduis que ce devait être tout ce qu’elle souhaitait. Elle m’a pas fait de signe de peace et elle n’a pas posé, par contre… On n’a jamais eu ce problème avec Camil, moi je pense que le bibi nous ouvre bien des portes. Sans le bibi, on est comme tous les autres touristes, des gros Américains fatigants pleins de cash.
Bon, l’important dans toute cette histoire, c’est que le boeuf, lui, a eu ses photos!
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7 commentaires:
C'est tellement ça!!!! Y manque juste les photos... Besoin d'aide?
Moi, c'est la « balade » en métro avec Céline qui réapparaît au bout de 7 stations, qui m'a fait craquer! Je me tords encore de rire!
Mais, je me suis délectée de TOUTE la chronique. Tu as vraiment le tour de rendre les atmosphères. Continue! On en attend toujours plus!
les photos viendront... merde on aurait donc dû faire un vidéo de notre épopée dans le métro!
J'aime bien l'analyse socio-historique du Chinois typique!
Pour le vidéo du métro, c'est sûr que ça aurait été intéressant, quoique je me demande ce qu'on aurait pu voir collés comme on était... Oui, on aurait eu droit aux sons... et il n'y avait pas que des rires... Merci de ne pas l'avoir mentionné!
ENfin ! non seulement je comprends le message sur FaceBook qui parle de Boeuf, mais je peux même émettre un commentaire sur ce blogue !!! Alors, Méli, ces chroniques sont tout à fait..hilarantes !!! Quel talent !
J'avoue que moi aussi, les scènes de métro m'ont vraiment déridée !!!
Ah! Ce que je me suis tordue de rire avec ta description de promenade en métro Méli!!!
Dis donc Céline, ça semble pire que l'autobus no 13 de Florence?!
Tu sembles devenir une spécialiste des sensations fortes en moyens de transport!!!
Dommage que Méli n'ait pas été avec nous à Hong Kong... Vous auriez eu droit à l'épopée du Peak Tram que l'on aurait pu intituler: "Les premiers seront les derniers!", ou encore "Comment peut-on être les dernières à monter dans le tram quand on était les premières juste devant la porte?"
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